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Journée des droits des femmes à la CAB : « notre mécontentement à été détourné »


DR le Mercredi 10 Mars 2021 à 16:24

Etienne Gherardi devait intervenir lors d’une conférence organisée par la CAB le 8 mars dernier à l’occasion de la Journée des droits des femmes. A la suite d’une polémique sur les réseaux sociaux et d’après nos confrères de « France 3 Corse », il a été « contraint de se retirer ». Se sentant accusé, un groupe engagé dans la défense des droits des femmes a décidé de diffuser un communiqué à ce sujet.



Plusieurs personnes présentes à la manifestation du 8 mars dernier à Bastia ont souhaité diffuser un communiqué  après la polémique autour des conférencier.e.s de la CAB
Plusieurs personnes présentes à la manifestation du 8 mars dernier à Bastia ont souhaité diffuser un communiqué après la polémique autour des conférencier.e.s de la CAB
A l’occasion du 8 mars, cette journée consacrée à la lutte pour l’égalité et les droits des femmes, la Communauté d’Agglomération de Bastia a proposé à trois conférenciers d’intervenir autour de sujets thématiques. Une femme – Madame Tarsitano – et deux hommes – Messieurs Muchieli et Gherardi – devaient donner une conférence. Mais à la suite d’une polémique déclenchée par des échanges houleux sur les réseaux sociaux, ce dernier a choisi de se retirer. D’après nos confères de France 3 Via Stella, il a même été « contraint de se retirer » (lire ici).
 
Se sentant « prises à parti » par la teneur de cet article et les réactions qui ont suivi sur le web, un groupe engagé dans la défense des droits des femmes a décidé de répondre à ce qu’elles considèrent comme « des accusations » voire des « agressions. » Elles ont choisi Corse Net Infos pour vous livrer leur communiqué dans son intégralité :
 
 
Nous sommes des militantes féministes corses de divers horizons et souhaitons répondre à l'article de
France 3 Corse sur les conférences initiées à l'occasion du 8 mars par la Communauté d'Agglomération Bastiaise, ainsi qu’aux réactions qui ont suivies. 

«
Vociférantes, malades sectaires, activistes ultra minoritaires, trolls, pinz, anti féministes, pseudo féministes, militantes radicalisées d’extrême gauche , hystériques, gourdes, intégristes, idiotes, nazies, terroristes » : ce sont quelques-uns des qualificatifs employés, sur les réseaux sociaux, à l’égard des féministes que nous sommes, ce 8 mars 2021, journée des droits des femmes. Demander une simple parité a été taxé de « bêtise, débilité, de dictature en marche, de terrorisme intellectuel, de dictature de la bien pensance ». Et même de « propos extrêmes » par le président de la CAB. 

Nous aimerions clarifier certaines choses :
Parmi nous, certaines ont réagi sur les réseaux sociaux à la communication de la Communauté d'Agglomération, exprimant un mécontentement, une critique, non pas quant au contenu de ces conférences, mais simplement à propos de la majorité d'hommes invités à s'exprimer lors de cette Journée des droits des femmes.
… nous nous battons contre les discriminations […] contre les violences qui nous sont faites
Aucune personnalité n'était directement visée, mais plutôt la programmation dans son ensemble. Nos propos ont rapidement été détournés, afin de créer une « polémique », comme si nous avions directement attaqué M. Gherardi, remis en cause sa qualité d'universitaire ou bien encore tenté de le censurer. Tous les jours de l’année, nous nous battons contre les discriminations, contre les inégalités liées à notre genre, contre les violences qui nous sont faites, contre le manque de poids de nos paroles et actes. Ces violences, nous les vivons physiquement, psychiquement, viscéralement et au quotidien. Il paraît évident que l'invitation de deux universitaires masculins à cet effet contribue à l'invisibilisation des femmes universitaires, chercheuses.

Notre mécontentement est légitime, précis et documenté. Or, il a été détourné comme une attaque ad hominem à l'encontre de M. Gherardi, dans un désir sans doute de créer des oppositions qui n’existent pas, puisque ce monsieur semblait enclin à travailler pour que ne soient pas oubliées les femmes de l'Histoire. 

Là, intervient une première faute journalistique, faisant d'une critique constructive et réfléchie une attaque contre une personnalité, créant une polémique infertile qui divise l'intérêt d'une démarche qui pourrait nous être commune. 

Une seconde faute journalistique, plus importante encore : nos noms et prénoms, ainsi que nos photos de profil ont été affichés dans différents médias, dans une période où les membres d'associations et les militantes sont victimes d'importantes vagues de cyber-harcèlement dont il semble que la gravité et les enjeux ne sont pas pris en compte par ces médias, les pouvoirs publics ou l'opinion. 
Cette polémique a fait perdre du temps et de l’énergie à beaucoup…
Des soutiens ont été publiquement apportés suite à cette polémique infondée, jusqu’au Président de l’Assemblée, sur la chaîne locale ou en une du journal local. Si seulement nous avions bénéficié d'un tel soutien à chaque violence sexuelle ou sexiste commise en Corse, nous n’en serions sans doute pas là.

Cette polémique a fait perdre du temps et de l’énergie à beaucoup, temps et énergie qui auraient pu être utilisés pour réfléchir et trouver des solutions, en contactant les personnes en question, par exemple.

Ce qui aurait aussi évité qu’une conférence intéressante sur un sujet intéressant soit annulée pour, en plus, être remplacée par l’intervention d’un autre homme. Preuve ultime que notre propos n'a pas été entendu.

Durant cette journée du 8 mars, au lieu de pouvoir parler de nos combats quotidiens, nous avons dû nous justifier d’une soi-disant attaque personnelle qui n’en a jamais été une et gérer une vague de misogynie. 

Pour conclure, nous souhaitons exprimer notre regret sur ce choix de programmation, ainsi que notre espoir et nos attentes, concernant un dialogue plus assidu et consciencieux entre les associations ainsi que les militantes féministes et les institutions insulaires.

Merci à celles et ceux qui luttent à nos côtés
Forza et Surellanza
 
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Laura Paoli-Pandolfi, Aude Grisoni, Mattea Riu, Priscilia Robert, Caroline Torres, Serena Sbro, Davina Sammarcelli, Charlotte Grisolia, Juliette Grisolia, Alice Lefebvre, Pauline Balducchi, Pauline Cueff, Julie Allione, Marie Noelle Addesso-Antomarchi et Claire Luchetti et d’autres…